Bruno HUBERT Site personnel
Professeur en Sciences de l'éducation et de la formation - Université de Lille
Parole et écriture de la personne
Recherche "Raconter l'école"
Accueillir les récits des enfants sur l’école
Le projet de l’équipe qu’avait réunie Martine Lani-Bayle et Maria Passeggi (2014) était d’interroger les représentations que se font les écoliers d’aujourd’hui de leur scolarité, le parti pris étant que, même petits, les enfants ont des capacités narratives, à condition qu’on leur permette de les exercer. Pour l’ensemble des participants à la recherche il s’agissait bien de s’inscrire dans la démarche clinique dialogique définie par Martine Lani-Bayle (2019) qui a d’abord pour objectif de laisser parler, quitte à obtenir un point de vue différent du sien. Avec des variantes, nous nous sommes alors retrouvés autour d’un protocole méthodologique commun : pour instaurer cette posture de dialogue, favoriser la spontanéité des enfants et prendre de la distance avec la situation scolaire hiérarchique, nous avons eu l’idée d’intercaler une peluche vivant sur une planète où l’école n’existe pas.
Conférence plénière
Samedi 4 juin 2022
Bruno HUBERT Quand les enfants disent leur école et (nous) apprennent...
Dévaluée dans le monde réflexif, la capacité narrative est pourtant le "propre de l'homme" (Victorri, 2002), ce qui nous constitue au plus profond. Alors pourquoi ne pas en tenir compte et la cultiver dès le plus jeune âge, notamment à l'école ?
Nos travaux montrent, s'il en était besoin, ce dont les enfants sont capables, ce qu'ils peuvent attendre de leurs capacités narratives et en écho ce que nous pouvons en attendre tant en éducation-formation qu'en recherche, dans une perspective de reliance des savoirs de vie et des savoirs savants.
Et si nous racontions une histoire, notre histoire parmi les autres, à l'écoute de cette capacité narrativo-réflexive qui devrait nous accompagner à tous les âges de la vie.
Quand des écoliers brésiliens racontent leur école...
Le congrès de la Fnaren a été l'occasion pour moi de présenter le dernier né de la série coordonné par Martine Lani-Bayle, Maria Passeggi et Sandra Vasconcelos.
Les trois autrices se font l’écho d’une expérience à plus long terme car elles s’appuient sur des cahiers de vie scolaire mis en œuvre sous l’égide de Maria Passeggi par Patrícia Lúcia Galvão da Costa et deux autres institutrices dans une école de Natal ; le livre fait la part belle à la transcription de la parole des enfants. Même s’il a fallu composer avec la difficulté de la traduction, les dessins des enfants font partie intégrante de leur expression et contribuent à garder leur authenticité qui nous touche en même temps qu’elle nous apprend. Comme dans nos entretiens, quand ils racontent leur école, les enfants font une grande place aux relations avec leurs camarades et à leurs enseignants, ainsi qu’aux jeux, aux sorties et aux fêtes qui ponctuent la vie de l’école. Quand elle évoque les souvenirs d’école, Maria Passegi prend l’image des deux côtés d’une feuille, avec sur le recto une autobiographie scolaire, avec les mots des autres qu´ils s´obligent à accepter comme une tactique pour devenir des élèves. Et au verso, une autre autobiographie : celle de la liberté et de l’imagination, qui confère un sens à leurs tactiques pour rester des enfants. Selon Maria Passegi, c’est le verso qui prendra place dans la mémoire des adultes que ces écoliers deviendront, couvrant au fil du temps ce que leur aura imposé la scolarité.
Il s’agit donc à travers cette expérience d’écriture des cahiers de vie de faire toute sa place à cette expression enfantine dans le cadre de l’école, pour créer des zones de rencontre entre les deux côtés de la feuille.
A lire absolument...
Communication de Bruno HUBERT et Raphaëlle LAVENANT
"Quand l'enfant exprime ses besoins nécessaires au bien-être à l'école"
Power-point support en P.D.F.
La parole de l’enfant au bénéfice de ses droits, Presses universitaires de Liège, collection Mondes de l’enfance
Cet ouvrage rassemble les actes du colloque Parole(s) des enfants et droits des enfants XXe – XXIe siècles (Angers, novembre 2017) dont Hubert, B. & Braud, M. (2019). Le récit d'enfants pour entendre leur expérience de l'école en France, p. 147 à 159.
L’objectif de cet ouvrage est de confronter les diverses formes de prise en compte de la parole de l’enfant avec la notion d’agentivité des enfants, c’est-à-dire – au-delà de leur expression – leur capacité à être des agents actifs de leur propre vie, à exercer un contrôle et une régulation de leurs actes. La notion d’intérêt de l’enfant se trouve ainsi au coeur du dialogue interdisciplinaire et des réflexions portées par les auteur.e.s de ce volume. Dans les différentes contributions, les enfants sont perçus comme des acteurs et non comme des êtres passifs, dépendants ou incomplets ; comme des membres à part entière de la société et pour ce qu’ils sont en tant qu’enfants aujourd’hui, et pas seulement pour ce qu’ils seront demain. Les différentes sciences sociales mobilisées (droit, science politique, linguistique, archivistique, sociologie, psychologie, sciences de l’éducation, géographie) abordent les questions de la parole des enfants selon des angles variés (apprentissages, genre, famille, justice, migrations, travail) et à différentes échelles (locales, nationales, transnationales), en privilégiant l’expérience.
Avec Manuela Braud et Raphaëlle Lavenant (Docteures du CREN), nous avons décidé de poursuivre cette recherche.
Nous avons réalisé 80 entretiens individuels avec les enfants de 3 classes d'une école primaire de la Sarthe : deux Cours Elémentaire 1 (enfants de 7-8 ans) et une classe de Cours Moyen 2 (autour de 10 ans). Nous avons ensuite réalisé des entretiens avec les trois enseignantes pour croiser la perception des élèves avec celle de leur professeur.
Un premier article montre ce que le dispositif dessine comme perspectives épistémologiques sur la question du bien-être de la communauté scolaire dans son ensemble d'une part, et comment la parole des enfants relie cette problématique du bien-être au sens de l'école et à l'enseignement traditionnel des disciplines d'autre part.
Hubert, B., Braud, M. (2017). « Pour une approche dialogique de la question du bien-être. Quand des enfants de classe primaire nous disent leur expérience primaire » in Recherches & Educations n°17.
https://journals.openedition.org/rechercheseducations/3775?lang=en Texte en ligne
RACONTER L'ÉCOLE
À l'écoute de vécus scolaires en Europe et au Brésil
Sous la direction de Martine Lani-Bayle et Maria Passeggi - préface de José González-Monteagudo
Que disent les enfants de leur vécu à l'école, qu'abordent-ils de l'aspect relationnel qui y règne, de leur rapport aux activités scolaires, de leur statut de sujet social et apprenant ? Quels sens attribuent-ils à l'école ? Comment réfléchissent-ils leurs expériences ? Les auteurs ont croisé des travaux réalisés en France à ceux récoltés dans plusieurs grandes régions brésiliennes, deux régions polonaises et Mons, en Belgique. Quelques lycées allemands rejoindront la population présente en ces pages, ainsi que des étudiants français.
Dans cet ouvrage un chapitre de Bruno Hubert > Raconter l'école... quand on entre à la grande école, pages 137 à 151.
Les enfants dévoilent une conscience aiguë des apprentissages fondamentaux qui les font grandir, même s'ils ont leurs propres mots pour les évoquer.